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THAILANDE / Le temple de l’enfer !

THAILANDE / Le temple de l’enfer !

L’endroit semble paradisiaque mais, c’est bien ici que l’on trouve l’enfer. Dans le temple bouddhiste de Wat Kaew Pra Sert, un moine illuminé a imaginé des scènes d’horreur et sanguinolentes. Une vision cauchemardesque pour une pédagogie par l’exemple !
Reportage : Patrick Forget
Etonnant spectacle lorsqu’on arrive près de Chumphon, au sud de la Thaïlande. Accrochée à la montagne, une statue géante de Guanyin, la divinité chinoise, illumine une végétation luxuriante. En contrebas, une petite baie magnifique entourée de palmiers, étale ses eaux turquoises. Ici, pas de village, pas de foule, juste quelques fidèles venus déposer leurs offrandes. Pas de silence non plus, mais un récital de chant d’oiseaux et quelques bruits de chantier pour un temple qui n’en finit pas de grandir, comme un joyau du bouddhisme éclos de la jungle. Huit moines y consacrent toute leur énergie. La construction avance au rythme des bonnes volontés venues expier leurs péchés.

Les douze statues d’animaux de l’astrologie chinoise accueillent le visiteur au grand cœur pour un petit don. Plus loin, c’est au tour de Ganesh d’être honoré avec d’innombrables représentations colorées du dieu éléphant. Au bout d’un interminable escalier, un nouvel espace gagné sur la montagne évoque la vie pieuse des moines. Tout semble indiquer que l’on a franchi les portes du paradis et pourtant, il ne faut pas s’y tromper. Plus haut, un discret chemin s’enfonce dans la forêt… et c’est là que commence l’enfer !

La religion bouddhiste compte cinq interdits : meurtre, vol, infidélité, mensonge et addictions. Le jour du jugement, le pécheur doit répondre de ses actes. Le moine responsable du temple a décidé de reproduire sa propre vision de l’enfer : des sculptures trashs exécutées par un alcoolique repenti venu trouver le pardon. Main tranchée pour le voleur, langue arrachée ou bouche dévorée par les corbeaux pour le menteur, pieds ou mains énormes pour les violences parentales, parties génitales mangées par des rats ou cœur perforé pour l’infidèle, le meurtrier, lui, se voit couper en morceaux.

Rien n’est épargné au visiteur. Gorges tranchées, corps dépecés ou éviscérés, têtes broyées par des monstres de chien, le sang coule à flot. Impassible, le moine responsable explique son œuvre comme une forme de pédagogie pour les enfants, sa manière à lui de les accompagner sur le droit chemin. Un bien étrange pèlerinage familial.