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MAINTENON / Le rêve de Le Nôtre devenu jardin
MAINTENON / Le rêve de Le Nôtre devenu jardin
Le château de Madame de Maintenon aurait dû être agrémenté de jardins élégants, dans l’air du temps. Des jardins sublimes assurément, mais seulement pensés, et depuis des siècles restés à l’état d’ébauche et d’envie. Aujourd’hui, les jardins sont enfin réalisés et ils vivent. Des jardins à la française bien sûr. Des jardins nôtres.
Texte : Jeanne Morcellet - Photos : Patrick Forget
Texte : Jeanne Morcellet - Photos : Patrick Forget
Une nuit, un mariage, le secret d’une alliance qui durera plus de trente ans. Une nuit confidentielle qui scelle l’amour entre deux êtres d’exception. Et pour témoin de l’insondable, le château de Madame, Madame de Maintenon, un château qui aurait dû être agrémenté de jardins élégants, dans l’air du temps. Des jardins sublimes assurément, mais seulement pensés, et depuis des siècles restés à l’état d’ébauche et d’envie. Aujourd’hui, en hommage à son heureux concepteur, les jardins sont enfin réalisés et ils vivent. Des jardins à la française bien sûr. Des jardins nôtres.
Entre Louis XIV en pleine force de l’âge, maître symbolique du monde et cette femme, gouvernante, dame d’atour, confidente et bientôt fondatrice du pensionnat de Saint-Cyr, Madame de Maintenon, la romance a explosé. Au cœur de cette nuit du 9 au 10 octobre 1683, malgré tout, malgré tous, ils s’épousent. Un mariage morganatique, une épouse secrète, deux intelligences, le pouvoir absolu conquis par une tête bien faite, et la légende peut s’installer durablement.
En marge de cet amour fou et silencieux, un homme, courtisan, talentueux, affable et visionnaire, un jardinier d’exception, un géomètre heureux, André Le Nôtre. Le château de Maintenon, que la marquise attachée à la Cour adore mais dont elle ne profite pas, accueille en 1676 le génial Le Nôtre. Expressément envoyé par le roi souverain pour dessiner les plans du parc, le jardinier est devenu le grand virtuose de la maîtrise des techniques des beaux–arts, et il sait s’entourer d’hydrauliciens, de fontainiers, de botanistes, d’horticulteurs… Son talent est reconnu, il jouit d’une réputation sans ombre. Le plus célèbre jardinier de Versailles a réussi à populariser le concept du jardin à la française. Sa réussite le propulse à Maintenon où il pense se donner tout entier à ses futurs jardins. À commencer par l’utilisation du plus précieux trésor des lieux : les eaux.
Le Nôtre imagine creuser un canal bordé de deux allées plantées sur ses rives passant sous un aqueduc monumental, aussi ambitieux qu’inutile et construit de fait par Vauban. Il invente un parterre entouré d’eau, songe à un parterre triangulaire composé de broderies. Il redessine les contours des bras de l’Eure, ouvre de nombreux canaux et bâtit plus de trente points. Il s’affaire, il travaille, il déploie toute son énergie, il échafaude, il innove, il dessine. Sur les planches, les jardins de Maintenon rayonnent. Mais de fait, ils ne voient pas le jour. Seul le plan conservé dans le fonds Robert de Cotte de La Bibliothèque national de France donne le tempo du travail, l’envergure de la réalisation. Il est superbe. Il faut juste le réaliser !
Alors en 2013, 400 ans après la naissance de Le Nôtre et alors que la France fête son grand jardinier, les formes et les couleurs des jardins de Maintenon inventées par l’homme aux mains agiles naissent de sous la terre. Grâce au paysagiste Patrick Pottier qui s’attaque avec patience et rigueur à l’interprétation des dessins du Maître, le jardin s’anime à nouveau, se murmure, s’annonce, se lance, épuré, entre vert et rouge, rose et orange, rosiers tige et impatients, buis et sauges, un jardin des temps reconduits. En moins de 5 mois, l’équipe de 13 personnes animée par Gilles Loiseau reconquiert les perspectives, terrasse, met en place l’arrosage, pose les circuits d’éclairage et de sonorisation pour accueillir des fantaisies historiques, plante, sème, pique, repique, cultive. Bref concrétise le rêve de Le Nôtre. Un rêve devenu notre jardin.
Entre Louis XIV en pleine force de l’âge, maître symbolique du monde et cette femme, gouvernante, dame d’atour, confidente et bientôt fondatrice du pensionnat de Saint-Cyr, Madame de Maintenon, la romance a explosé. Au cœur de cette nuit du 9 au 10 octobre 1683, malgré tout, malgré tous, ils s’épousent. Un mariage morganatique, une épouse secrète, deux intelligences, le pouvoir absolu conquis par une tête bien faite, et la légende peut s’installer durablement.
En marge de cet amour fou et silencieux, un homme, courtisan, talentueux, affable et visionnaire, un jardinier d’exception, un géomètre heureux, André Le Nôtre. Le château de Maintenon, que la marquise attachée à la Cour adore mais dont elle ne profite pas, accueille en 1676 le génial Le Nôtre. Expressément envoyé par le roi souverain pour dessiner les plans du parc, le jardinier est devenu le grand virtuose de la maîtrise des techniques des beaux–arts, et il sait s’entourer d’hydrauliciens, de fontainiers, de botanistes, d’horticulteurs… Son talent est reconnu, il jouit d’une réputation sans ombre. Le plus célèbre jardinier de Versailles a réussi à populariser le concept du jardin à la française. Sa réussite le propulse à Maintenon où il pense se donner tout entier à ses futurs jardins. À commencer par l’utilisation du plus précieux trésor des lieux : les eaux.
Le Nôtre imagine creuser un canal bordé de deux allées plantées sur ses rives passant sous un aqueduc monumental, aussi ambitieux qu’inutile et construit de fait par Vauban. Il invente un parterre entouré d’eau, songe à un parterre triangulaire composé de broderies. Il redessine les contours des bras de l’Eure, ouvre de nombreux canaux et bâtit plus de trente points. Il s’affaire, il travaille, il déploie toute son énergie, il échafaude, il innove, il dessine. Sur les planches, les jardins de Maintenon rayonnent. Mais de fait, ils ne voient pas le jour. Seul le plan conservé dans le fonds Robert de Cotte de La Bibliothèque national de France donne le tempo du travail, l’envergure de la réalisation. Il est superbe. Il faut juste le réaliser !
Alors en 2013, 400 ans après la naissance de Le Nôtre et alors que la France fête son grand jardinier, les formes et les couleurs des jardins de Maintenon inventées par l’homme aux mains agiles naissent de sous la terre. Grâce au paysagiste Patrick Pottier qui s’attaque avec patience et rigueur à l’interprétation des dessins du Maître, le jardin s’anime à nouveau, se murmure, s’annonce, se lance, épuré, entre vert et rouge, rose et orange, rosiers tige et impatients, buis et sauges, un jardin des temps reconduits. En moins de 5 mois, l’équipe de 13 personnes animée par Gilles Loiseau reconquiert les perspectives, terrasse, met en place l’arrosage, pose les circuits d’éclairage et de sonorisation pour accueillir des fantaisies historiques, plante, sème, pique, repique, cultive. Bref concrétise le rêve de Le Nôtre. Un rêve devenu notre jardin.